Les humbles, l’histoire sérielle et les études de cas

Bartolomé Bennassar est probablement le premier historien que j’ai lu avec l’envie de travailler un peu comme lui. Cela remonte à la lecture de L’homme espagnol, attitude et mentalités du XVIe au XIXe siècle, alors que j’étudiais, au bac, dans un cours de celle qui allait devenir ma directrice de thèse. Puis j’ai lu L’inquisition espagnole et, à la maîtrise, Les chrétiens d’Allah, un livre qui m’a complètement enchanté. On trouve dans l’introduction de ce livre un petit passage, sans grandes prétentions, mais tout à fait à propos pour le jeune étudiant que j’étais, qui a ouvert et marqué durablement ma conception de la méthode historique.

Bennassar appartient à l’école historiographique française, il est proche de la troisième génération des Annales, celle qui, pour étudier les mentalités, a eu recours à l’histoire sérielle, aux mentalités. Pour sa part, c’est largement à travers les sources inquisitoriales que Bennassar a construit ses séries. Dans Les Chrétiens d’Allah, il rappelle l’émergence de la microhistoire comme un défi à l’histoire sérielle. Cette dernière avait prétendu réintégrer les humbles au sein de la mémoire collective par le biais des statistiques. Bennassar cite François Furet (1963) :

La notion de classes inférieures évoque d’abord celle de nombre et d’anonymat […] L’histoire d’aujourd’hui le réintègre dans l’aventure humaine par l’étude quantitative des sociétés du passé, mais il y reste silencieux… Les classes inférieures […] analphabètes, et le plus souvent résignées […] n’ont laissé dans l’histoire écrite des sociétés précapitalistes que peu de traces, généralement dues à un curé de campagne ou à un intellectuel philanthrope. »[1] (cité par Bennassar, p.11)

Aussitôt l’a-t-il cité qu’il souligne l’imprudence des formules utilisées par Furet, née d’une sous-estimation « [d]es ressources de nos archives et [de] l’imagination de l’avenir. » Puis il enchaîne sur la réaction des microhistoriens.

Cependant, la résignation de François Furet au silence des humbles avait suscité un certain nombre de protestations au de contestations. L’une des plus vives vint de l’historien italien Carlo Ginzburg qui en profita pour sonner la charge contre l’histoire sérielle : il considérait que la massification propre à cette forme d’histoire effaçait les tensions sociales, noyait dans l’anonymat les ruptures et les dissidences et produisait des images de consensus à la fois factices et mystificatrices. Il opposait à l’histoire sérielle, devenue idéologiquement suspecte, les études de cas, susceptibles de rendre à des individus et à de petits groupes leur dimension historique. Il fondait son argumentation sur un exemple, admirable il est vrai, celui du meunier du Frioul Menocchio, héros d’un très beau livre, le Fromage et les Vers. Sans polémique, mais avec à-propos, d’autres historiens exhumaient de l’oubli des mémoires ou des journaux personnels rédigés par des artisans ou des prolétaires, qui sont maintenant dans les manuels et ont réussi leur évasion de l’anonymat : le Jacques-Louis Ménétra de Daniel Roche ; le Pierre-Ignace Chavatte d’Alain Lottin ou le Ventura Perez de Teófanes Egido…[2]

Vient enfin la synthèse propre de Bennassar, qu’il emprunte en réalité à Michel Vovelle.

À vrai dire, la controverse entre les défenseurs de l’histoire sérielle et les avocats des cases studies nous paraît être l’exemple même de ces faux débats dont les historiens français sont, croyons-nous, trop friands. Déjà, Michel Vovelle a formulé quelques réflexions de bon sens : « Un récit de vie, c’est très bien, jaillissant, bouleversant de nouveauté. Dix récits de vie, douze récits de vie : les récurrences apparaissent, les clichés, le fait, évident a posteriori, que ces témoignages individuels sont eux-mêmes reflet de modèles et de conditionnements reçus… » Certes, demeure « l’extrême richesse de témoignages à multiples facettes », mais, si on accumule les preuves de ce genre, à supposer qu’elles existent, au lieu de la spontanéité « on retrouve la norme ». L’étude de cas ne saurait devenir la panacée de la recherche historique tandis que l’histoire sérielle n’est pas condamnée à gommer les différences, à dissimuler les oppositions, à exclure les non-conformistes.[3]

La leçon de Vovelle, qui m’est parvenue par Bennassar, que tout cas trouve sa place dans les statistiques et que toute statistique cache en son sein une vie frémissante, m’est toujours restée. Il faut dire que Bennassar, s’il n’a pas formulé lui-même la leçon, la mettait merveilleusement en pratique. Car pour la plupart des statistiques données, on trouve sous sa plume un florilège d’exemples. Mieux : chaque fois qu’il le peut, Bennassar nomme les exemples choisis par leur nom. C’est alors toute la vie foisonnante d’une époque qui est donnée à voir au lecteur. Les Chrétiens d’Allah, qui utilise les deux méthodes, en est un magnifique exemple.

Mais ajoutons un extrait de Vovelle, provenant du texte même cité par Bennassar, mais un peu plus loin. Il rend hommage à Ginzburg, non sans une pétillante taquinerie. Car il souligne un enjeu épistémologie des études de cas : elles retrouvent souvent la norme, en s’y insérant, car le cas cité n’a rien d’exceptionnel, ou bien elles sont si différentes qu’on se demande si ces cas isolés peuvent bien être de l’histoire…

En réponse à ce dilemme, je suis particulièrement sensible à l’argumentation de Carlo Ginzburg, dans l’introduction qu’il a donnée à l’aventure de son meunier frioulan, en valorisant l’importance de l’“eccezione normale”. C’est à travers l’exceptionnel (qui n’est point l’anecdotique) que l’on peut découvrir un éclair de vérité, en témoignage irremplaçable. Si je voulais chicaner amicalement l’auteur, je le soupçonnerais un peu de vouloir gagner sur tous les tableaux : valorisant d’une part la trouvaille unique qu’il a faite, tout en disant qu’il y a des tas d’autres meuniers, et des Menocchio par dizaines… Non que je conteste la réalité bien cachée donc méconnue de toute cette contestation, populaire ou non. Mais c’est bien comme témoignage à la limite que l’histoire de ce héros obscur nous intéresse par elle-même, et au-delà d’elle-même.[4]

L’exceptionnel normal, j’en ai déjà parlé dans un précédent billet auquel je renvoie le lecteur désireux de quelques précisions. Carlo Ginzburg s’insère lui aussi parmi les historiens m’ayant le plus influencé. Reste un enjeu laissé de côté par ces différents débats : c’est que la statistique tend à gommer la manière dont différents phénomènes, classés en séries distinctes, convergent et s’articulent au sein de chaque cas.

Notes

[1] Cité par Bartolomé BENNASSAR et Lucile BENNASSAR, Les chrétiens d’Allah, L’histoire extraordinaire des renégats, XVIe et XVIIe siècle, Paris, Perrin, 2006, p. 11.

[2] Ibid., p. 12.

[3] Ibid., p. 12‑13.

[4] Michel VOVELLE, Idéologies et mentalités, Paris, Gallimard, 1982, p. 347‑348.

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Sur le rapport au temps

En potassant quelques références, les unes pour mon cours d’histoire de l’Europe moderne, les autres pour mes travaux, j’ai réalisé que je pouvais recouper quelques morceaux choisis d’entre elles sur une thématique commune, celle du rapport au temps, même si elles provenaient d’horizons thématiques et historiographiques souvent éloignés les uns des autres.

Peter Burke a élaboré un modèle chronologique de la Renaissance qui distingue trois époque: la Première Renaissance (1330-1494), la Haute Renaissance (1494-1530) et la Renaissance tardive (1530-1630) . Dans ce modèle, on peut percevoir une transformation du rapport au temps lors de la Renaissance tardive, où se dessine la Querelle des Anciens et des Modernes. Certes, la première Renaissance se pense déjà comme une rupture avec son passé immédiat: Pétrarque et ses compagnons ont commencé à utiliser des termes s’apparentant à « moyen âge » pour marquer une rupture avec leur temps « moderne » (ils n’utilisaient pas le terme de Renaissance, toutefois, inventé après). Reste que cette conscience du changement se construisait sur le modèle du retour à un modèle antérieur, l’Antiquité, encore perçu comme inégalable. C’est au cours de la Haute Renaissance, « l’âge de l’émulation » selon Peter Burke, que les humanistes ont commencé à sentir qu’ils pouvaient égaler, voire dépasser leurs modèles. Mais dans cette émulation, persistait le sentiment de compagnonnage avec l’Antiquité. C’est au cours de la Renaissance tardive que ce sentiment s’est rompu et que les temps modernes ont réellement acquis leur modernité. L’imitation des Anciens a eu davantage de critiques, certains considérant même qu’il s’agissait d’une approche absurde dans certains domaines (poésie, comédie, par exemple). Anton Francesco Grazzini, par exemple, soulignait les différences de moeurs « À Florence, nous ne vivons plus comme autrefois à Athènes et à Rome. Il n’y a pas d’esclaves. Les fils adoptifs sont rares » . D’autres soulignaient que la Rome qu’ils pouvaient visiter n’avait plus beaucoup à voir avec celle de l’Antiquité, hormis les ruines « Nouveau venu, qui cherches Rome en Rome / et rien de Rome en Rome n’aperçois » .

Or, ce sentiment d’étrangeté qu’on projetait maintenant sur l’Antiquité correspondait aussi avec le grand moment casuistique, où les confesseurs dits « laxistes » réfléchissaient à la complexité du monde avec la conviction que la Bible et les Pères de l’Église ne pouvaient plus, à eux-mêmes, fournir avec sûreté les clés de la morale. Delumeau observait ainsi que :

Les laxistes avaient en effet la conviction d’appartenir à une civilisation en mouvement et à un âge nouveau, où des problèmes inédits et complexes se posaient, auxquels les Pères [de l’Église] n’apportaient pas de réponse. Pour les résoudre, les confesseurs devaient donc selon eux s’adresser plutôt à des spécialistes modernes plutôt qu’à des « auteurs anciens » – aspect peu souligné et pourtant capital de la querelle des anciens et des modernes .

Humanistes, confesseurs ou artistes, il s’agit là encore de gens de lettres. Mais une évolution semblable accompagne le monde militaire, où l’arme à feu supplante, vers la fin du XVIe siècle, d’autres armes de jets qui s’étaient jusqu’alors maintenus à ses côtés, tels que les grands arcs et les arbalètes. Geoffrey Parker cite un capitaine mis en scène par un traité d’art militaire (1598) qui, répondant à un argument sur les prouesses des archers anglais de la Guerre de Cent Ans, marque le passage du temps: « Monsieur, alors, c’était alors. Maintenant, c’est maintenant. Les guerres ont beaucoup évolué depuis qu’ont été brandies les fières épées » . Mais les techniques militaires se transformaient bel et bien sous la pression de la concurrence entre États, elles relevaient des enjeux de la survie.

Pour les paysans et les petites gens, et même pour des gens moins humbles dans leur quotidien, le temps ne s’accélérait pas encore. La vie de tous les jours demeurait rythmée par les cloches de l’église, les prières, le chant du coq et l’apparent cheminement du soleil dans le ciel. « La précision dans l’évaluation du temps passé à un travail et dans l’évaluation du moment de la journée n’est pas encore une exigence de l’esprit et de la vie quotidienne », note Robert Mandrou , qui ajoute que l’horlogerie de précision n’apparaît que dans la seconde moitié du XVIIe siècle. Je n’ai pas le livre sous la main au moment d’écrire ces lignes, mais les conclusions de Bennassar convergent, il me semble, avec celle de Mandrou: « L’homme espagnol », pas plus que le français, ne vivait quotidiennement selon le rythme méticuleux de l’horloge .

Pour rendre compte de l’évolution de ce qu’il appelle « la conquête du temps » (l’expression est jolie, mais risque de mener sur une fausse piste à mon avis), Mandrou évoque les progrès des mathématiques, de l’horlogerie et – surtout dit-il – des transports . Norbert Elias évoque plutôt « les progrès de l’urbanisation et l’expansion du commerce » ainsi que le rôle de l’autorité centrale. La construction d’une infrastructure temporelle était une nécessité dont « dépendaient le paiement régulier et périodique des impôts, des taxes et des salaires, ainsi que l’exécution de multiples contrats et de divers engagements; il en allait de même pour les nombreux jours fériés où les gens se reposaient de leur labeur » .

Dans la deuxième moitié du XVIe siècle, note-t-il, on assiste à plusieurs ajustements du calendrier en provenance de différentes autorités: calendrier grégorien se substituant au julien, date du 1er janvier fixée pour commencer l’année en France (1566). Pour Elias, l’horlogerie se développe à l’époque de Galilée comme un moyen de mesurer une séquence dite « temporelle » en la rapportant à un mouvement physique régulier. Ces développements se rapportent certes à des transformations techniques comme celles évoquées par Mandrou, mais ces transformations se situent elles-mêmes dans le contexte de la compétition militaire entre les États européens, Galilée, qu’on décrit souvent comme un savant désintéressé, situant souvent ses expérimentations dans le cadre d’une réflexion pour améliorer les techniques d’artillerie . Ces développements sont pour le sociologue l’aboutissement d’un processus qui a mené d’une conception du temps construit sur la référence des hommes entre eux à une conception du temps comme phénomène naturel.

Ces transformations temporelles mettent en scène l’autorité politique et les grands traits de la coordination de la vie en société. Elles expliquent moins bien le sentiment de transformation culturelle chez les lettrés. Ces transformations se rapportent aux articulations du passé, du présent et de l’avenir, des notions qui se rapportent à l’expérience humaine . Elias indique rapidement que la perception d’un temps s’écoulant dans une direction unique est le produit d’États centralisés qui construisent un cadre mémoriel pour assurer leur légitimité, mais ce constat ne permet pas d’éclairer les valorisations variables du passé ou de l’avenir à une époque donnée. La rupture entre le présent et le passé, incarnée par les débats de la Renaissance tardive ou la sentence lapidaire du militaire cité plus haut, survient lorsque la période désignée comme « passé » n’incarne plus une expérience susceptible de s’accorder avec celle du présent et d’en guider l’action. Pour comprendre cette transformation à l’époque moderne, il faut plutôt se tourner vers Reinhardt Koselleck. Cet historien allemand a décortiqué le processus de fuite en avant né de la naissance de l’opinion publique et de la critique. J’avais déjà exposé, dans un précédent billet, comment Koselleck défendait la thèse que, sous la monarchie absolue, la république des lettres avait donné naissance à l’opinion publique par le biais de la critique. Exercée d’abord comme un exercice savant ou comme la critique d’une pièce de théâtre, la critique s’était ensuite tournée vers le monde politique. Mais ce faisant, l’exercice de la critique avait donné lieu à un nouveau rapport au temps, orienté vers le progrès.

Le règne de la critique ne s’avère être au-dessus des partis que dans un procès renouvelé à l’infini. Ainsi, chez Bayle, le critique n’a qu’une seule obligation: envers l’avenir, où, par le seul exercice de la critique, on doit trouver la vérité. La critique portait en elle sa garantie dans l’attachement du critique  à la vérité encore à découvrir. Chaque erreur qu’on débusque, chaque obstacle démasqué fait apparaître de nouveaux obstacles et ainsi l’obstination humaine à tout éplucher découvre des méthodes de plus en plus subtiles pour s’en prendre aux maux et pour écarter le désordre qui réapparaissait continuellement. Finalement, il n’y a plus rien qui puisse contenter la raison. La critique a transformé l’avenir en un remous qui dérobe l’aujourd’hui sous les pieds du critique. Dans ces conditions, le critique n’avait pas d’autre choix que de découvrir dans le progrès la structure temporelle correspondant à son mode d’existence. Le progrès est le modus vivendi de la critique, même là où – c’est le cas pour Bayle – il n’a pas été compris comme un mouvement ascendant, mais comme destruction, comme décadence .

Voilà un moment décisif de la transformation du rapport au temps, situé, cette fois à peu près un siècle après le coeur de la Renaissance tardive: ce moment étant exprimé dans l’oeuvre de Pierre Bayle, nous pouvons le situer dans la seconde moitié du XVIIe siècle. Reste que nous demeurons ici dans le monde lettré. La critique conceptualisée par Pierre Bayle reste la chose de la « République des lettres » pendant près d’un siècle. Elle tend – c’est largement la thèse de Koselleck – vers le monde politique. Elle s’y impose dans la conception républicaine de Rousseau et s’incarne ensuite dans les systèmes politiques. Pour citer à nouveau un ouvrage que je n’ai pas sous la main au moment d’écrire ces lignes, c’est au sein de l’oeuvre de Chateaubriand, contemporain de la Révolution française, que François Hartog repérait, me semble-t-il, le basculement d’une histoire posant le présent en élève du passé à une histoire construite comme un progrès perpétuel . Encore faudrait-il mieux repérer quand et comment ce rapport au temps fut accueilli par les petites gens. S’impose-t-il avec les rythmes de la division industrielle du travail? Avec l’alphabétisation et la massification médiatique? Je laisserai ici les hypothèses ouvertes.

Bibliographie

BENNASSAR, Bartolomé. L’homme espagnol, Attitudes et mentalités du XVIe au XIXe siècle. Paris: Complexe, 1992.
BURKE, Peter. La Renaisance européenne. Paris: Seuil, 2000.
DELUMEAU, Jean. L’aveu et le pardon: les difficultés de la confession, xiiie-xviiie siècle. Paris: Fayard, 1992.
ELIAS, Norbert. Du temps. Pluriel. Paris: Fayard, 2014.
HARTOG, François. Régimes d’historicité. Présentisme et expériences du temps. Paris: Seuil, 2003.
KOSELLECK, Reinhart. Le règne de la critique. Paris: Editions de Minuit, 1979.
MANDROU, Robert. Introduction à La France Moderne, 1500-1640: Essai de Psychologie Historique. Nouv. éd. en poche rev. et augm. Bibliothèque de L’évolution de l’humanité 31. Paris: A. Michel, 1998.
PARKER, Geoffrey. La révolution militaire: la guerre et l’essor de l’Occident, 1500-1800. Paris: Gallimard, 2013.

La référence que j’aurais dû lire, mais n’aie pas lue avant d’écrire ce billet:

Hartmut Rosa, AccélérationUne critique sociale du temps, Paris, La Découverte, 2010, 474 pages. Voir ici.

Aubergines à la casserole

En relisant Un siècle d’or espagnol pour préparer un cour, je suis tombé sur quelques recettes de Diego de Granada, cuisinier de la cour de Philippe III d’Espagne, qui publia un Livre de l’Art de la Cuisine en 1599. Sur 763 recettes, Bennassar en reproduit deux, dans un savoureux (!) passage de son ouvrage. L’une de ces recettes est une capillotade perdrix à la braise, mais je reproduirai ici celle qui comporte les ingrédients les plus accessibles dans votre cuisine:

Aubergines à la casserole

Vous pelez des aubergines et les coupez ensuite en trois ou quatre morceaux chacune. Faites cuire dans du bouillon de mouton avec deux oignons. Une fois les aubergines bien cuites vous les coupez menu sur la planche, vous ajoutez du bon fromage d’Aragon râpé et quelques jaunes d’œufs, vous malaxez et vous hachez menu comme s’il s’agissait de farcir un chevreau. Relever avec des épices fines: gingembre, noix de muscade, persil. Mettre la casserole au feu. Quand le plat est bien doré le retirer du four et ajouter sucre et cannelle .

Bon, d’accord, on ne trouve pas trop de fromage d’Aragon dans les fromageries montréalaises et le bouillon de mouton n’est pas notre plus commun, il y a donc quelques substituts à réfléchir.
Si vous avez été assez aventureux, laissez-moi-le savoir!

Bibliographie

BENNASSAR, Bartolomé. Un siècle d’or espagnol (vers 1525-1648). Les Hommes et l’Histoire. Paris: Robert Laffont, 1982.