La réforme universitaire de 1918 (1)

C’est en 2012, au cours de la grève étudiante qu’on ne présente plus, que j’ai commencé à m’intéresser à l’histoire des mouvements étudiants. Je m’intéressais déjà depuis longtemps à l’histoire des universités (Serge Lusignan, professeur d’histoire médiévale à l’Université de Montréal, l’avait rendue très attrayante quand j’étais au bac), mais l’écho de l’actualité a approfondi cet intérêt et y a ajouté la question des mouvements étudiants. À l’époque, j’ai découvert l’existence de ce mouvement étudiant majeur, celui de la « Reforma universitaria de 1918 » ou de « Córdoba ». La majorité des articles rédigés sur le thème avaient d’ailleurs été publiés entre 1968 et 1972, pour des motifs évidents: les chercheurs de cet époque, devant l’ampleur du mouvement de mai 68, s’intéressaient eux aussi à l’histoire des mouvements étudiants. J’ai donc rassemblé une petite bibliographie, quelques sources issues des compilations de Gabriel del Mazo (un des leaders étudiants de 1918, puis politicien radical, puis historien) et j’ai écrit une présentation pour le colloque d’Histoire Engagée, où je rapprochais quelques idées de la Réforme universitaire de 1918 avec celles du philosophe José Ortega y Gasset. L’intérêt est resté depuis, même s’il est assez éloigné de mes thèmes de recherche principaux, et je continue à recueillir quelques informations de temps en temps sur ce sujet. Dans ce billet, je reviendrai sur l’histoire de ce mouvement, dans son cadre argentin (en réalité, il a eu des répercutions dans toute l’Amérique latine) en m’arrêtant à la réforme de 1918. Je poursuivrai éventuellement dans un autre billet sur les évolutions entre 1918 et 1964. Autrement dit, ces deux billets devraient suivre le cadre chronologique du livre de Richard J. Walter, Student Politics in Argentina, 1918-1964 .

Précisons, pour faire comprendre l’importance du sujet, que par son ampleur et ses répercussions, le mouvement étudiant latino-américain qui s’est amorcé en 1918 est probablement sans équivalent dans l’histoire contemporaine. Il a non seulement affecté en profondeur la structure même des universités latino-américaines, mais il a également donné naissance à une idéologie structurée capable de pérenniser le mouvement. Encore aujourd’hui, il existe des étudiants partout sur ce continent qui en revendiquent l’héritage. En fait, au colloque d’Histoire Engagée où j’ai fait cette présentation, il y avait un étudiant d’origine colombienne qui s’y identifiait avec enthousiasme (pour être honnête, il en savait probablement davantage que moi sur le sujet).

Au début du XXe siècle, l’Argentine comptait trois universités: l’université de Córdoba, fondée par les Jésuites en 1767, nationalisée en 1858; l’Université de Buenos Aires, fondée en 1821; et l’Université de La Plata, fondée en 1890. Dans la longue durée, le modèle ayant fondée ces universités était calqué sur celui de Salamanca, la plus ancienne université d’Espagne, lui-même étant calqué sur celui de l’Université de Bologne. Le modèle de Bologne était originellement centré sur le gouvernement par les étudiants, mais au fur et à mesure que les monarchies, et après elles les États-Nations, se sont renforcées, cette structure a été considérée comme problématique et une place plus importante a été faite au gouvernement par les professeurs et l’intervention étatique dans le gouvernement des universités. Suivant cette logique, le « modèle napoléonien » de la gouvernance des universités est devenu influent en Amérique latine au début du XIXe siècle. En Argentine, les modalités des relations entre les universités et le gouvernement fédéral furent définie par la « Loi Avellaneda » (officiellement la « Loi Nationale numéro 1597 »). Celle-ci rendait les universités théoriquement libres du  contrôle de l’État. Les interventions du gouvernement y étaient interdites, sauf sous des circonstances extraordinaires ou à la demande écrite d’un représentant officiel du gouvernement. Néanmoins, cette autonomie universitaire était davantage un principe affirmé qu’une réalité, puisque le président conservait de nombreux pouvoirs, notamment celui d’approuver (ou non) les statuts de l’université, le recrutement de nouveaux professeurs ou le budget des universités . Le poids du modèle de Bologne et des idéaux allégués d’autonomie universitaires étaient cependant importants et on vraisemblablement constitué des sources d’inspiration pour les mouvements étudiants ultérieurs.

L’événement fondateur de la « Reforma Universitaria » survint en 1918, au terme d’une vague de peuplement considérable, qui eut pour résultat de doubler la population argentine entre 1895 et 1914. Ce peuplement profita largement aux régions urbaines et la population urbaine surpassa la population rurale au tournant du siècle. La pensée anarcho-syndicale fut introduite par des immigrants espagnols et italiens, tandis que des intellectuels locaux tels que José Ingenieros et Alejandro Korn développaient une réflexion critique sur les fondements idéologiques de l’Argentine. José Ingenieros inspira beaucoup les étudiants de 1918 par un livre intitulé El hombre mediocre, dans lequel il opposait  « l’homme médiocre », majoritaire, tourné vers la stabilité du monde et donc naturellement conservateur, à l’homme supérieur, idéaliste, qui montre la voie du progrès (1) . Cet essai allait jouer un rôle important pour forger l’identité de la jeunesse réformiste, qui opposera « la génération de 1918 » aux « hommes médiocres » qui la combattaient . Ingenieros écrivit également un essai (La universidad del porvenir) dans lequel il avançait que l’université argentine devait rompre avec son isolationnisme traditionnel pour devenir une institution « américaine », soutenir le développement national et se démocratiser en devenant accessible à tous, peu importe leurs origines sociales et leur condition économique. Dans les années 1905 à 1917, les thèmes de revendication des jeunesses latino-américaines par rapport aux universités allaient se préciser au fur et à mesure que les associations étudiantes se structuraient, échangeaient entre elles et publiaient leurs idées . En 1914, une publication universitaire régulière, El ateneo universitario, vit le jour, au sein de laquelle les idées de réforme du système universitaire se discutaient. Accroissement démographique et bouillonnement d’idées créèrent le terreau favorable pour la réforme.

Il ne manquait plus qu’une étincelle pour que le brasier s’enflamme. Elle survint là où, de prime abord, on ne l’attendait pas: à Córdoba, la plus ancienne et la plus conservatrice des universités argentines. Dans les interprétations les plus communes, ce serait toutefois précisément à cause de ce conservatisme que ce soit à Córdoba qu’ait lieu l’événement déclencheur: le refus plus catégorique opposé par les instances dirigeantes  l’Université aux idéaux des réformistes aurait entraîné la révolte des étudiants. Encore faut-il voir que c’est là le récit que les réformistes ont raconté de leur propre histoire, en renforçant sans doute exagérément le caractère « déclencheur » de cette grève particulière. Ainsi Van Aken souligne-t-il que Gabriel del Mazo, ancien leader étudiant et l’un des principaux historiens du mouvement réformiste, commence-t-il sa compilation des documents se rapportant à ce mouvement à partir de cette grève, négligeant tout document antérieur à 1918 . Quoiqu’il en soit, l’élément déclencheur vint d’un petit conflit sur la fermeture d’un bâtiment qui servait de dortoir aux étudiants de médecine de Córdoba. Les étudiants prirent prétexte de ce conflit pour écrire au ministère de l’éducation en suggérant une réforme générale de l’université pour en éliminer le népotisme et l’incompétence. La première étape devrait être d’en réformer les conseils dirigeants des universités, où des professeurs conservateurs élisaient d’autres professeurs conservateurs .

Le conflit s’envenime en mars 1918: le comité en faveurs de la réforme publie un manifeste critiquant la faiblesse intellectuelle de l’université et l’influence des religieux sur les matières et appelle à la grève générale. Devant les classes vides, les professeurs réagissent en fermant l’université jusqu’à fin de la grève. Les étudiants manifestent dans la ville et envoient des représentants au gouvernement à Buenos Aires. En avril, la fédération étudiante de l’université de Buenos Aires se met en grève pour soutenir les étudiants de Córdoba. À la suite de cet événement, les fédérations étudiantes se rencontrent pour fonder une fédération nationale qui fera la promotion de la réforme des universités du pays .

Au courant du mois de mai, l’inspecteur présidentiel rend son rapport, estimant que la situation était causée par le manque d’alternance au sein du conseil d’université. Il recommandait d’accepter la demande des étudiants d’organiser des élections régulières pour les postes au sein du conseil, l’interdiction de cumuler des postes sur le Conseil Supérieur et le Conseil de Direction et des élections universitaires avec la participation de l’ensemble du corps professoral. Le président Irigoyen donna suite au rapport et deux élections furent organisées: l’élection des membres des conseils à la fin mai, et le recteur le 15 juin.  L’élection, à ce poste, d’un conservateur notoire provoqua la fureur des réformistes, donnant lieu à une émeute où de nombreuses vitres furent brisées et la chapelle jésuite de l’université vandalisée. Une nouvelle grève fut votée jusqu’à la démission du nouveau recteur. Un groupe de professeurs et d’étudiants hostiles à la réforme se forma pour dénoncer publiquement les violences, recevant plusieurs appuis dans la presse . Malgré ces tendances éditoriales défavorables, les journaux donnaient cependant beaucoup la parole aux étudiants et n’hésitaient pas à publier les manifestes complets dans leurs pages . Dans la durée du mouvement, le débat polarisa l’opinion et les acteurs du jeu politique argentin. Des politiciens se prononcèrent pour ou contre le mouvement, qui reçu par ailleurs des appuis des syndicats.

Dans la durée du mouvement, la réflexion idéologique des étudiants se développa. Plusieurs textes furent émis sur ce que devait être une université et le rôle qu’elle devait jouer dans la société. Le texte le plus connu, appelé à devenir le texte phare du mouvement, fut le « Manifeste de Cordoba », rédigé sous forme d’adresse à la jeunesse latino-américaine (2). Le document déclare le système universitaire anachronique, revendique sa réforme au nom d’une rupture avec l’ancien système colonial, fustige l’autoritarisme du corps professoral et réclame une conception de l’enseignement fondée sur l’amour de l’apprenant. La rupture avec le passé, d’après les signataires, devrait passer par la démocratisation des universités, centrée sur le demos étudiant, qui choisirait ses professeurs, ce qui garantirait que seuls les « constructeurs d’âmes » demeureraient en place à l’université . Quant à l’élection du recteur elle-même, les signataires dénonçaient la procédure et déclaraient qu’on n’avait fait qu’entériner une « caste de professeurs ».

Dans un congrès étudiant tenu en juillet 1918, un programme fut établi, réclamant notamment :

  1. Que l’assistance aux cours soit optionnelle, afin que les étudiants défavorisés puissent plus aisément concilier travail et études.
  2. Que les postes de professeurs soient révisés à intervalles réguliers.
  3. Le respect du principe d’autonomie universitaire.
  4. L’accès aux cours universitaires pour tous ceux qui sont qualifiés, peu importe leur origine sociale ou situation économique.
  5. L’encouragement des contacts entre professeurs et étudiants.
  6. Encourager des cours universitaires pour les membres de la classe ouvrière.
  7. Orienter davantage l’université vers la résolution des problèmes politiques, économiques et sociaux de la nation.
  8. La révision des contenus des programme et leur mise à jour selon les dernières innovations.

Dans les mois qui suivirent, réagissant lentement à la grande frustration des étudiants, le président Irigoyen fit procéder à des inspections dans les universités. Il émis finalement un décret en octobre répondant, d’après Walter qui n’en détaille pas le contenu, à la plupart des revendications des étudiants grévistes. Par la suite, il procéda à plusieurs remaniements du personnel de l’université, dans le sens demandé par les étudiants. Vainqueurs, les étudiants mirent fin à la grève en juin 1919. Grâce à la représentation gagnée dans les institutions universitaires, estimaient-ils, l’université ne pourraient plus être une « tour d’ivoire » coupée de la nation.

La grève avait par ailleurs cristallisé certaines des forces, sociales et idéologiques, en présence. Si les radicaux s’y montrèrent sympathiques, le gouvernement radical mis longtemps et fut prudent dans son soutien aux grévistes, car il devait tenir compte de l’influence, encore grande, des conservateurs. Majoritaires et en position de pouvoir à l’université, ces derniers avaient pu compter sur le soutien des professeurs – qui avaient été attaqués en bloc par les manifestes des étudiants grévistes – et une fraction, minoritaire mais bien présente, d’étudiants opposés à la grève, qui commencèrent à s’organiser.

J’ignore quand je livrerai la suite de ce billet, mais Walter a montré comment les forces mises en place à ce moment ont joué sur l’évolution des caractéristiques du mouvement étudiant dans les années qui suivirent.

Notes:

(1) Pour l’annecdote, dans ses mémoires, Tulio Halperin Donghi raconte avoir lu El hombre mediocre à l’occasion d’un groupe de lecture vers la fin de son collège et l’avoir trouvé « passablement prétentieux ». Jugement personnel ou indice que le ton de l’ouvrage ne rencontrait plus la sensibilité de la jeunesse de la génération suivante?

(2) Il y a plusieurs reproductions sur internet, mais il est difficile d’en trouver une complète. Celle-ci, par exemple, est incomplète. La plupart des historiens qui la commentent utilisent la reproduction de Gabriel Del Mazo dans sa compilation La Reforma Universitaria, tome 1 , que je n’ai pas sous la main au moment de terminer ce billet. J’en ai retrouvé une en annexe d’un autre ouvrage.

Bibliographie

DEL MAZO, Gabriel. La Reforma Universitaria, t.1. Lima: Universidad Nacional Mayor de San Marcos, 1967.
HALPERIN DONGHI, Tulio. Son memorias. 1a ed. Argentina. El hombre y sus obras. Buenos Aires: Siglo Veintiuno Editores, 2008.
MILANESIO, Natalia. “Gender and Generation: The University Reform Movement in Argentina, 1918.” Journal of Social History 39, no. 2 (2005): 505–29.
VAN AKEN, Mark J. “University Reform before Córdoba.” The Hispanic American Historical Review 51, no. 3 (1971): 447–67.
WALTER, Richard J. Student Politics in Argentina. The University Reform and Its Effects, 1918-1964. New York & London: Basic Books, 1968.
WALTER, Richard J. “The Intellectual Background of the 1918 University Reform in Argentina.” The Hispanic American Historical Review 49, no. 2 (1969): 233–53.

La référence que j’aurais dû lire, mais n’aie pas lue avant d’écrire ce billet:

Hugo Cancino Troncoso, « El movimiento de reforma universitaria en Córdoba Argentina, 1918: Para una relectura de su discurso ideológico », Sociedad y Discurso, nº6, 2004.

Une occupation d’université

Parmi les sujets auxquels je m’intéresse « à côté » de mes thèmes principaux de recherche, il y a l’histoire des universités et des mouvements étudiants. Dans cette vaste histoire, l’un des mouvements qui a attiré mon attention est celui dit de la « réforme universitaire » ou de « Córdoba 1918 », né en Argentine cette même année et ayant essaimé depuis dans l’ensemble de l’Amérique latine. J’aurai sans doute prochainement l’occasion de faire un billet résumant un demi-siècle de l’histoire de ce mouvement, mais en attendant, je me permets de traduire un passage narrant l’occupation de l’Université de Buenos Aires, du 2 au 4 octobre 1945.

L’année 1943, un coup d’État avait renversé le gouvernement du président Castillo, les militaires prenant le pouvoir. Les mouvements étudiants avaient rapidement réclamé un transfert du pouvoir à des autorités civiles et l’organisation d’élections libres. Pour consolider leur pouvoir, les militaires avaient supprimé l’autonomie traditionnelle des universités argentines et renvoyé les universitaires qui s’étaient opposés au régime. Mais en 1945, la victoire proche des Alliés incita le régime à se montrer un peu plus « libéral » à la face du monde et il rétablit les professeurs congédiés ainsi que l’autonomie universitaire. Forts de ce succès, les opposants au régime organisèrent une marche dans les rues de Buenos Aires pour réclamer le rétablissement des garanties constitutionnelles suspendues lors du coup d’État de 1943. Sachant que les universités étaient très actives dans ce mouvement, le régime menaça alors d’intervenir à nouveau dans les universités. En réponse à cette menace, les mouvements étudiants argentins occupèrent les universités. Celle de La Plata fut occupée le 1er octobre. Le lendemain, un pavillon de l’Université de Buenos Aires fut également occupé par des membres du personnel et des étudiants. Voici comment Walter raconte cet épisode (ma traduction, suivi de l’original) :

Oubliant les différences politiques internes, toutes les factions s’unirent, le 2 octobre, pour barricader les portes et les fenêtres de la faculté, et procédèrent à l’organisation d’une administration de fortune pour diriger la résistance. La police gouvernementale et les groupes ultranationalistes cernèrent le bâtiment de la faculté et firent feu à l’aveugle dans la structure, bombardèrent les fenêtres de pierres et coupèrent l’eau et l’électricité. Les étudiants — au nombre approximatif de 500, incluant quelque 60 femmes — présents dans la faculté, mirent en place un système de câbles et de poulies qui leur permirent de s’approvisionner en eau et nourriture depuis les toits avoisinants sans risquer d’être attaqués depuis les rues. Les étudiants en chimie préparèrent des bombes de gaz lacrymogène et des bouteilles d’acide pour résister à toute attaque violente. La censure gouvernementale sur les médias empêchait la nouvelle de l’occupation de l’université d’être largement entendue, mais les étudiants de la faculté des sciences pures fabriquèrent un émetteur à ondes courtes pour prévenir d’autres pays de leur situation. Après trois jours de siège, durant lesquels un jeune fut tué par un tir à l’intérieur du pavillon, la police gouvernementale entra dans la faculté et arrêta tous ceux qui s’y trouvaient. D’après le professeur Augusto J. Durelli, qui a participé à l’occupation, les membres de la faculté et les étudiants furent alors amenés à des prisons à proximité et brutalisés avant d’être emprisonnés.

Forgetting internal political differences, all factions united to barricade the doors and windows of the Faculty on October 2, and proceeded to organize a makeschift administration to direct the resistance. Governement police and ultra-nationalist groups surrounded the Faculty building and fired indiscriminate shots into the structure, pelted the windows with stones, and cut off water and electricity. The approximately 500 students in the Faculty, including some 60 women, arranged cable and pulley systems which allowed them to receive water and food supplies from across neighboring roofs without risking harm from the streets. Chemistry students prepared tear gas bombs and bottles of acid to resist any violent attack. Governement newspaper censorship prevented the story of the university occupation from getting a wid hearing, but students in the Faculty of Exact Science set up a short-wave transmitter and notified other countries of their situation. After three days of siege, during which one youth was killed by a shot fired into the university building, governement police entered the Faculty and arrested all those within. According to Professor Augusto J. Durelli, who participated in the occupation, faculty members and students were then taken to nearby jails and submitted to physical abuse before being imprisoned.