Je suis tombé sur cet extrait en lisant « Sur l’idéologie du fascisme », le quatrième texte du recueil Qu’est-ce que le fascisme? d’Emilio Gentile, déjà évoqué ici et quelques billets qui y sont référés. J’ai eu envie de le partager comme brève sur le blogue avec assez peu de commentaires, car je trouve qu’il résonne particulièrement acte l’époque actuelle.
Un système politique fondé sur l’irrationalisme réduit, presque inévitablement, la participation politique individuelle et collective, au spectacle de masse. Quand on méprise l’homme pour son idéalisme rationnel, pour sa capacité de connaissance logique de la réalité, pour son besoin de persuasion et de compréhension, l’homme se trouve réduit à un élément cellulaire de la *foule* et, en tant que foule, suggestible non pas à travers un discours rationnel, mais uniquement à travers les instruments de l’abus de pouvoir psychologique, de la violence morale à travers la manipulation des consciences, dégradant la vie à une pure extériorité. Mais, alors qu’il exalte l’imagination et le rêve, qu’il excite les préjugés de groupe, les angoisses et les frustrations, les complexes de grandeur ou de misère, le fascisme détruit la capacité de choix et de critique de l’individu. Les symboles et les rites, les cérémonies de masse et la consécration mythique d’actes banals de la vie sociale (« la Bataille du grain ») deviennent l’unique forme de participation possible des masses au pouvoir politique – simples spectatrices du drame qui se déroule avec elles, mais au-dessus d’elles. (p.142)